Telle est la question que s'est récemment posée The Athletic alors que la proportion de joueurs de notre continent ne cesse d’augmenter dans la ligue.
C'est une constante, lorsqu'un coach est mis à pied en NHL il est invariablement remplacé par l'un de ses compatriotes canadien ou américain. Dernier exemple en date avec le Minnesota Wild a licencié l'entraîneur Dean Evason et l'a remplacé par John Hynes.
Il faut en effet remonter à la saison 2000-2001 pour retrouver les derniers entraîneurs européens avec le Finlandais Alpo Suhonen aux Blackhawks de Chicago et le Tchèque Ivan Hlinka aux Penguins de Pittsburgh.
Plusieurs réponses à la question sont avancées dans l'article avec en tête de liste la peur de l'inconnu : "La marge de manœuvre des directeurs généraux est devenue de plus en plus courte, en particulier pour ceux qui n'ont pas de contrat à long terme. Si le recrutement d'un entraîneur ne se fait pas correctement, le poste du directeur général peut être menacé."
Rikard Grönborg en a fait lui aussi l'expérience lorsqu'il a passé des entretiens pour des postes d'entraîneur dans la LNH en 2021 : "En Amérique du Nord, les gens veulent du connu plutôt que de l'inconnu. Mais si vous regardez la situation dans son ensemble, vous devriez remettre cela en question". Et notamment avec le nombre de joueurs européens devenus superstars dont il connait parfaitement le parcours.
La méthode de travail est une autre raison, comme l'explique cette fois-ci Fredrik Sjöström, directeur général de Frolunda et ancien joueur de NHL : "Ici, en Suède, les joueurs sont beaucoup plus impliqués dans le système de jeu et les stratégies. Les joueurs participent à des réunions avec les entraîneurs et discutent de leurs lignes et de leurs paires de défense. Le climat est plus ouvert. En Amérique du Nord, vous faites ce que les entraîneurs veulent que vous fassiez."
Le développement des joueurs est également bien différent, alors que ce rôle est laissé à l'AHL en Amérique du Nord, il est plus présent dans les championnats d'élite européens. Roger Rönnberg de Frolunda est l'exemple même que le développement des joueurs peut être associé à l'obtention de résultats. "Nous avons une règle à Frolunda. Mon travail n'est pas de classer les joueurs en catégories, ni de me débarrasser de cinq d'entre eux et d'en recruter cinq autres. J'ai 22 joueurs au début de la saison et la direction me dit que c'est à moi de faire en sorte que ces 22 joueurs soient suffisamment bons pour avoir une chance de gagner. Je pense que c'est une autre façon de voir le métier d'entraîneur".
L'Allemand Marco Sturm a lui passé 14 saisons en NHL et est actuellement l'entraîneur en chef de l'Ontario Reign en AHL avance une autre intéressante raison; les organisations de la LNH sont plus grandes que celles de l'Europe et il y a plus de gens à qui plaire, lui a pu profiter de ses relations tissées au sein du temps, ce que n'ont pas les coaches européens.
Sturm estime également que le rythme est trop différent avec moins de matches en Europe qu'en NHL, il y a plus de temps d'entraînement et d'opportunités de développement. "Un entraîneur qui n'a pas l'habitude de jouer trois ou quatre fois par semaine serait-il capable de faire face aux exigences et à la pression accrues ? L'écart entre l'Europe et la NHL est tout simplement trop grand. C'est un risque très élevé et c'est pourquoi je pense qu'il n'y a pas beaucoup d'entraîneurs européens en Amérique du Nord."