Alina Müller est l'une des meilleures joueuses au monde mais ignore si son avenir sera encore fait de hockey

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  • Posté par dam, le :

    06/02/2022
Source: NZZ

Alors qu'elle serait déjà millionnaire en NHL si elle était du sexe opposé, la meilleure joueuse suisse rappelle encore une fois à quel point le statut de hockeyeuse "pro" est précaire.

La NZZ s'en est fait l'écho dans un article publié cette semaine avec un constat implacable : "Jusqu'en 2023, Alina Müller jouera en toute sécurité. Sa bourse d'études à la Northeastern University de Boston a été prolongée et elle y terminera son bachelor en neurosciences. Elle aura alors 25 ans. Mais personne ne sait si elle sera encore active dans le hockey sur glace après cette échéance".

Car les joueuses sont souvent rattrapées par la réalité après avoir terminé leurs études, la seule ligue pro nord-américaine ne permettant pas de vivre. En effet, le plafond salarial des équipes y est de 300'000 dollars par saison, à partager donc entre 20 à 25 joueuses.

Avant cela elle a eu la chance de pouvoir se former au côté de garçon avec les novices de Kloten, mais cela ne lui semble pas suffisant : "C'était une bonne école. En tant que fille, tu dois faire tes preuves tous les jours et montrer que cela vaut la peine de t'aligner et de te donner du temps de glace. Ce n'est pas facile pour les entraîneurs, car ils savent : Un jour, elle sera partie et n'apportera plus rien au club. Et cela représente aussi un certain effort, car il faut par exemple toujours organiser un vestiaire supplémentaire. Mais j'ai eu de la chance, j'ai été bien traitée". Une chance unique selon elle "Ce n'est pas toujours le cas. J'entends régulièrement des entraîneurs qui préféreraient n'entraîner que des garçons". En Suisse, les filles ne peuvent jouer avec les garçons que jusqu'au niveau novice rappelle le quotidien zurichois.

Le championnat suisse féminin n'étant pas vraiment à la hauteur de son talent (80 points en 23 matchs) raison pour laquelle elle est partie en Amérique du nord est a signé à Boston, "Une formation dont l'infrastructure et les possibilités se situent à peu près au niveau d'un club de National League" explique-t-elle.

Une situation plutôt unique puisque même en équipe nationale féminine, l'argent fait défaut, relaté au travers de deux bien tristes anecdotes : les joueuses ont dû attendre cinq ans avant de recevoir de nouveaux gants et, tout récemment lors du camp d'entraînement pour les JO, la fédération voulait que ce soit les joueuses qui paient leurs tests PCR quotidiens à CHF 100.- par jour. Elles se sont heureusement offusquées de cela et ont eu gain de cause.

Des conditions qui en rebuteraient plus d'une, mais pas Alina Müller : "J'aime ce sport. Et je suis reconnaissante qu'il m'ait permis d'obtenir cette bourse, car sinon je n'aurais jamais pu me payer cette formation".

Le fait de vivre aux États-Unis lui permet aussi de suivre plus facilement les matchs de la NHL. "Je regarde le hockey sur glace pratiquement tous les soirs. Les hommes jouent à un autre sport que nous. C'est beaucoup plus physique, plus dur, plus rapide. Mais j'essaie quand même d'en tirer quelque chose quand je regarde leurs matches". Son inspiration ? Nathan MacKinnon de l'Avalanche du Colorado, avant-centre comme elle.

Un amour de notre sport qu'elle souhaite continuer à vivre après ses études qui à faire encore des sacrifices financiers puisqu'elle pourrait très bien gagner sa vie dans le domaine privé.